La laine mérinos est particulièrement agréable à porter et d’autant plus chère. Pourtant, sa production implique parfois d’atroces souffrances pour les moutons mérinos.

L’essentiel de la laine est produite en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Chine. En Australie, plus de 125 millions de moutons fournissent plus de 20 % des besoins mondiaux en laine; 50 % de ces moutons sont des mérinos. Cette race est appréciée pour sa productivité particulière de laine raffinée, les animaux les plus productifs pouvant fournir jusqu’à dix kilogrammes de laine par an. Cette qualité a un prix. Pas seulement pour les consommatrices et consommateurs: d’innombrables mérinos, essentiellement australiens, endurent d’atroces souffrances pour cette belle laine.


LE MULESING, UN ACTE DE CRUAUTÉ ENVERS LES ANIMAUX

Les mérinos vivent par milliers dans de grandes fermes australiennes. La détention en masse, mais aussi les conditions humides et étouffantes totalement inadéquates pour ce genre de moutons, attirent autant de mouches bleues, qui se pressent autour des troupeaux. Malencontreusement, la sélection a favorisé les mérinos dotés d’un nombre important de plis cutanés, pour augmenter la production lainière (et les rendements): en effet, plus la surface de la peau est étendue, plus les quantités de laine sont importantes ... Or, ces plis cutanés sont fatals pour les animaux, surtout au niveau du postérieur, où les excréments et l’urine restent collés. C’est l’endroit de prédilection des mouches agaçantes pour déposer leurs œufs. Mais les conséquences sont désastreuses: les larves de mouches pénètrent profondément dans la chair pour se nourrir, causant de graves infections qui peuvent entraîner la mort. De plus, pendant les mois d’été, des animaux meurent régulièrement de surchauffe en raison de leur fourrure anormalement épaisse.

Les fermiers tentent d’empêcher l’infestation par les mouches en pratiquant le «mulesing», une opération considérée comme une «technique chirurgicale d’ablation d’une partie de la peau périanale» relativement bénigne. En réalité, il s’agit d’une procédure atroce pour l’animal: souvent sans la moindre anesthésie ou sans soins ultérieurs des plaies, les jeunes agneaux se voient retirer des bouts de peau périanale pouvant atteindre la taille d’une assiette, et la plupart du temps la queue est écourtée. D’après la Fédération australienne de la commercialisation de laine (AWEX), 2/3 des moutons reçoivent désormais des analgésiques. Cependant, le nombre d’animaux non anesthésiés se compte encore par millions.


MOINS IL Y EN A, MIEUX C’EST!

L’intervention traumatisante pour les agneaux devrait, après la guérison, empêcher que les mouches continuent à y déposer leurs œufs. Pourtant, il n’est pas rare que des inflammations, voire un cancer, se déclarent ultérieurement, comme l’observent des défenseurs des animaux australiens. Pour éviter un nouveau dépôt d’œufs dans les blessures béantes, on traite les animaux avec des insecticides et des fongicides ... une pratique qui ne se limite pas à l’Australie, mais aussi rencontrée dans d’autres pays producteurs de laine. Les animaux sont plongés la tête en avant dans le liquide toxique, ce qui nuit non seulement à la santé des animaux, mais aussi, plus tard, à celle des consommatrices et consommateurs, étant donné que le poison est retenu dans la laine.

Un contrôle régulier de chaque animal et de la tonte aux endroits fragilisés permettrait d’éviter complètement la technique du mulesing. Or, cela nécessite du temps et entraîne des coûts supplémentaires par mouton et par an, ce qui est incompatible avec une détention en masse. Rares sont les éleveurs australiens disposés à accepter de telles pertes dans une industrie marquée par l’effondrement des prix. Les producteurs de laine font la sourde oreille face aux alternatives proposées par les défenseurs des animaux, notamment les pièges à mouches ou l’élevage de races ayant peu de laine au niveau des zones corporelles concernées et donc mieux adaptées à la chaleur. A cet égard, seules la pression et les revendications claires des consommatrices et consommateurs pour des produits déclarés garantis sans mulesing peuvent faire avancer les choses.




CHOISISSEZ UNE LAINE EUROPÉENNE

L’entreprise Cardigano M&S Wautier ne gère aujourd’hui plus aucuns produits mérinos en provenance d’Australie, se tournant vers l'Europe et la Nouvelle-Zélande. Contrairement à l’Australie, la Nouvelle-Zélande a aboli cette pratique en 2007 même si certaines régions le pratiquent encore. Globalement, de nombreuses entreprises sont sensibilisées au thème du mulesing et exigent explicitement de leurs fournisseurs des produits n’y recourant pas.

Le mulesing n’existe pas en Europe car cette pratique n’est tout simplement pas nécessaire. Les moutons mérinos européens ont la peau lisse et même s’ils produisent moins de laine, au moins, leur peau reste intacte. Des moutons plus proches, c’est aussi moins de transport et de meilleures conditions de travail pour les ouvriers textiles et pour les éleveurs.


ACHETER MOINS ET CONSOMMER MIEUX 

Il faut aussi préférer la qualité à la quantité. La laine est un matériau cher et noble, porter un pull qui respecte les animaux, les humains, et la terre a un coût. Mieux vaut alors n’en avoir qu’un, responsable et de qualité, plutôt qu’une multitude qu’on ne portera pas souvent. Pensez également au marché de l’occasion qui est une solution moins coûteuse et grâce à laquelle vous n’encouragez pas la fabrication de nouveaux vêtements.

Acheter un vêtement implique parfois des problèmes auxquels nous n’aurions même pas pensé. C’est pour cela qu’il est très important de se renseigner avant chaque achat sur la provenance et les matières utilisées, ainsi que sur les labels et le lieu de fabrication. C’est un moyen d’éviter de tels drames et d’éviter toute forme de barbarie.